Familles ENNETIERES (d') (Tournai, Belgique) - SAINTE-ALDEGONDE (de)

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Sommaire:


ENNETIERES (d') (Tournai, Belgique)

ENNETIERES (1) (Marie D' ), théologienne et poète belge, née à Toumay, en 1500, vivait encore en 1539. Elle était fille de Jérôme D'Ennetières, seigneur de Wastines et de Fiers, et de Marie Villain de La Boucharderie. Elle se maria, et plus tard se fit religieuse. Marie d'Ennetières se distingua par son savoir, mais surtout par son zèle pour la religion catholique. Parmi ses productions, on cite une Epistre contre les Turcqz, Juifs, Infidèles, Faulx Chrestiens, Anabaptistes et Luthériens; 1539, in-8° : cette épitre est en vers français.
La Croix du Maine, Bibliothèque française, II, 89. — De Seur, La ville de Lille illustrée, 99 à 265. - Foppens, Bibliotheca Belgica, pars secunda, 845. -• Lam-bert Snoy, Cénéaloqies de Hainaut, feuille 46. — Le Roux, Recueil de la Noblesse du Hainaut, 69. — Paquot, Mém pour servir à l'hist. des Pays-Bas, XVIII 200.
{1}C'est à tort que La Croix du Maine la nomme Marte Dentière.
(source Hoeffer)

ENNETIÈRES (Marie d')fille de Jérôme sgr de Wastines,
née à Tournai vers l'an 1500 Cette dame est le plus ancien membre de la famille si lettrée des d'Ennetières de Tournai dont l'histoire littéraire fasse mention. Mais les anciens biographes, Foppens, Moreri et Paquot, en parlent assez vaguement et d'une façon peu explicite. Ils assurent qu'elle fut célèbre par son savoir, sa piété, et qu'elle devint religieuse, mais sans dire où, ni dans quel ordre. D'après eux, Marie aurait fait imprimer, en 1539 une Epistre contre les Turcs, Juifs, Infidèles, Faulx chrestiens, Anabaptistes et Luthériens, sans ajouter où ce livre a paru, ni sans en désigner le format. Or, personne n'en a vu un exemplaire; il est même très-probable qu'il ne fut jamais livré à la presse; mais qu'étant resté manuscrit, il aura été perdu comme tant d'autres. H. Heibig.
Paquot, Mémoires, édit. in-folio, t. III, p. 606. — Messager des sciences historiques, année 4861. p. 22-1. —Les d'Ennetières de Tournay, nouvelles recherches sur cette famille, ibid., année 1875, p. 484. — Emile Desmazières, Nouvelles recherches sur quelques membres de la famille d'Ennetières. Paris et Leipzig, 1878, in-8u, p. 6-7. (source: Dico bio belge)


ENNETIERES ( Jean D' ), sieur de Beaumetz, littérateur flamand, petit-neveu de la précédente né à Tournay, vers 1585, mort en 1650. Il laissa divers ouvrages, recherchés à cause de leur rareté plutôt que pour leur mérite. Le plus curieux dz tous est un écrit en prose et en vers intitulé : M Chevalier sans reproches, Jacques de la Laing ; Tournay, 1633; c'est l'histoire d'un gentilhomme mort en 1453, et qui tient une place honorable dans les Annales des ducs de Bourgogne. Les autres productions de D'Ennetières sont :. Les Amours de Théagène et de Philoxène, et autres poésies; Tournay, 1616 ; recueil fort médiocre, réimprimé à Lille en 1650; — Les quatre Baisers que l'âme dévote peut donner à son Dieu en ce monde; Tournay, 1641 : ces quatre baisers, aux pieds, aux mains, à la bouche, au cœur, sont décrits en stances de quatre vers de huit syllabes; — Sainte Aldégonde, comédie en cinq actes et en vers ; Tournay, 1645 : pièce singulière, dédiée à Louise de Lorraine, religieuse capucine ; elle roule sur les extases de l'amour divin, exprimées dans un style trivial et bas. G. Brunet.
Viollet-Leduc, Bibliothèque poétique, t. I, p. 437. — P. Lacroix, Catalogue de la bibliothèque dramatique de M de Soleinne, t.1, p. 274.
(source Hoeffer)



ENNETIERES {Jaspar d') , chevalier, seigneur de Beaumez, poëte, naquit à Tournai vers 1555 et mourut le 20 avril 1622. Il épousa Anne de la Rivière. Il était conseiller commis des domaines et finances des archiducs Albert et Isabelle et fut nommé juré de Tournai en 15 8 9, second prévôt en 15 9 0, 1595, 1598, 1599, mayeur des échevins de Tournai en 1592, 1593, grand prévôt en 1602, 1603, 1607 et 1608. Jas-par était fils de François d'Ennetières, seigneur de Beaumez, et neveu de Marie d'Ennetières, qui précède. Sauf quelques sonnets et autres pièces de vers que l'on rencontre dans diverses publications qui parurent de son temps, on ne connaît de lui que les deux ouvrages suivants : 1° Elégie et chans funèbres sur le tres-pas de madamoyselte Marguerite de Mar-quais. Douay, Jean Bogard, 1584, petit in-8° de xlvii pages, titre compris. Le seul exemplaire connu de ce petit ouvrage se trouve à la bibliothèque publique de Tournai. 2° La Vie de saint Malchus, moine syrien, tirée des épitres de S. Hierosme. Tournai, Adrien Quinqué, M.D.C.XXI, pet. in-8°de 8 ff. et 88 pages. Ce poëme, extrêmement rare, est divisé en 3 livres ou chants ; il a été erronément attribué à son fils, Jean d'Ennetières, qui suit.
h. Heibig
Messager des sciences historiques, année 1864, p 222] et suiv., et année 1875, p. 483. — Nouvelles recherches sur quelques membres de la famille d'Ennetières, par Emile Desmazières. Paris et . 1878. in-8°, p. 8-10. (source: Dico bio belge)

ENNIETiÈRES {Jean D'), chevalier, seigneur du Maisnil, poëte, était le fils aîné de Jaspar d'Ennetières et d'Anne de la Rivière. Il naquit à Tournai vers 1590 et fit preuve, pendant toute sa vie, d'une véritable passion pour la poésie, ou plutôt pour la rime; il y consacra une grande partie de ses loisirs. Jean d'Ennetières était juré de Tournai en 1621; mayeur des échevins en 1625, 1626; second prévôt en 1629, 1630, et grand prévôt en 1635, 1636. La Biographie universelle de Michaud le fait mourir vers 1650 ; mais il est positif qu'il mourut au commencement d'août 1661. Il a publié les ouvrages suivants : 1° Les Amours de Théagines et de Philoxène, et autres poésies. Lille. Pierre Derache, 1616, de 8 ff. limin., 239 p. et 4 ff. pour la table. Il en parut une seconde édition chez le même imprimeur en 1620, a moins que ce ne soit là qu'un nouveau titre. 2° Chansons spirituelles, reueues, corrigées et augmentées de la moitié par l'au-theur. Lille, Pierre Derache, 1616, pet. in-12 de 104 pages. La première édition a dû paraître à Lille de 1605 à 1616 dans un recueil de chansons spirituelles. Une troisième édition fut imprimée chez le même libraire, en 1620, pet. in-12 de 6 ff., 140 pages et 2 ff. pour la table. L'édition de 1616 contient 46 chansons, odes et ballades; celle de 1620 en renferme 57. 3° Vers panégyriques sur la vie et mort de messire Nicolas de Catris. Tournay, Adrien Quinqué, M.DCXXI, pet. in-8° de 3 ff. et 32 pages. On n'en connaît qu'un seul exemplaire. 4° La Consolation de la philosophie de Severin Boece ; traduite du latin en françois. Tournay, Adrien Quinqué. M.D.C.XXIX pet. in-8° de 10 ff. limin. et 326 pages, sans le frontispice gravé, le portrait de Jean d'Ennetières et une autre gravure. La traduction est précédée de la vie de Boëce. Brunet parle de la grande rareté de cette traduction, mais ajoute » qu'elle ne mérite guère d'être recherchée «. Le savant bibliographe ne l'aura pas bien examinée, car elle est loin d'être ce que Jean d'Ennetières a produit de plus mauvais. 5° Le Chevalier sans reproche Jean de Lalain. Tournay, Quinqué, 1633, petit in-8° de 7 ff., 418 pages et 13 pour la table, avec frontispice et gravures. C'est l'ouvrage le plus connu de l'auteur, le seul même qui soit mentionné par les anciens bibliographes. Brunet dit que c'est une œuvre « en prose et en vers «. Or, tout y est en rimes, sauf le titre, l'approbation, le privilège et la table. De Reiffenberg avait, un peu à la légère, accusé Jean d'Ennetières de plagiat, à propos de ce livre; mais il a été suffisamment lavé de ce reproche mal fondé. 6° Les Quatre Baisers que l'âme dévote peut donner à son Dieu dans ce monde. Tournay, Quinqué, MDCXLI, petit in-12 de 6 ff. prél. et 274 pages. Ce poëme pieux, fort rare, est en vers de huit syllabes et divisé en 4 livres. 7° Sainte Aldegonde, comédie. Tournay, Quinqué, MDCXLV (1645), petit in-8° de 3 ff. et 103 pages. Pièce aussi rare qu'elle est médiocre. 8° La Vie de sainte Colette. Tournay, 1647, in-8°. Cette vie en vers n'a peut-être jamais été imprimée, ou bien elle est perdue; on n'en connaît aucun exemplaire. Il en est de même d'une : 9° Vita beatœ Magdalenœ. Ces deux vies, en vers latins l'une et l'autre, paraît-il, doivent être restées manuscrites. Jean d'Ennetières s'est encore fait l'éditeur de l'ouvrage suivant : 10° L'Hermite pèlerin, par Pierre Camus , évesque et seigneur de Belley. Douai, Balth. Bellère, 1628, in-8° de 298 p., en l'accompagnant d'un avertissement et d'autres pièces liminaires. Il a pris aussi une part active à une édition du Paradis de la Solitude, par F. Michel de Sainte-Sabine. Tournai, Quinqué, s. d. pet. in-12 de 258 pages, précédées de 6 ff., à laquelle il a ajouté beaucoup de pièces de vers. On rencontre en outre de ses pièces de vers dans bon nombre de livres publiés de son temps à Tournai et dans d'autres villes. Tous les ouvrages de Jean d'Ennetières sont plus ou moins rares et se payent à des prix très-élevés.
D'autres membres de la famille d'Ennetières se sont fait connaître par leur goût pour la poésie et les lettres, tant au xvie qu'au xviie siècle. Tels sont : Pierre, Claude, Jean-Paul et Robert d'Ennetières, pour lesquels on peut consulter la curieuse brochure de M. Emile Desmazières, intitulée : Nouvelles Recherches sur quelques membres de la famille d'Ennetières. Paris, Leipzig et Tournai, 1878, in-8o de 18 pages. H. Heibig.
Foppens, Biblioth. Belgica, p. 634. — Paquot, Mémoires, in-fol., t. III, p. 687. — Messager des sciences historiques, année 4861, p. 220-239. — Ibid., année 4878, p. 484-494. - Brunet, Manuel, t. Il, col. 986; et la brochure précitée de M. Desmazières. (source: Dico bio belge)

ENNETIÈRES (Arnould D'), secrétaire d'État des Pays-Bas à Madrid. Arnould d'Ennetières appartient à une famille tournaisienne dont on a tenté déjà plusieurs fois de dresser la généalogie, sans y réussir de façon satisfaisante. Il était fils d'un autre Arnould d'Ennetières, grand prévôt de Tournai, et de Catherine de Cordes. Sa carrière officielle commence en 1562 quand, par lettres patentes datées du 22 mars, Marguerite de Parme l'établit secrétaire extraordinaire du Conseil privé. Le document assure que depuis plusieurs années l'intéressé a rendu, à titre officieux, des services à plusieurs ministres du Roi, notamment au chef-président Viglius. Quatre ans après, il est appelé à Madrid comme officiai du secrétaire d'État, de Courteville, et quand celui-ci quitte son poste, le garde des sceaux, Hopperus, désigne Ennetières comme susceptible de le remplacer. Le duc d'Albe déconseille de suivre cet avis, incriminant la discrétion de l'intéressé, mais le crédit du duc a baissé depuis l'échec de sa politique. Ennetières se voit confier le poste qu'il a sans doute convoité, et qui lui permet de faire valoir ses talents à la cour même du Roi. Il se sent couvert par des protecteurs influents, mais il a aussi des ennemis, en particulier don Juan d'Autriche. Aux yeux de celui-ci, Ennetières est un « grand coquin » qui a envoyé à Bruxelles des copies de dépêches secrètes du Roi. Il faudrait le congédier. Il a deux frères qui sont de fougueux partisans des rebelles. On peut se demander si le « coquin » s'est jamais douté de l'aversion qu'il inspirait au vainqueur de Lépante. En tout cas, quand il écrit au prince, c'est toujours pour l'assurer de ses bons sentiments et il ne ménage pas non plus ses compliments à Farnèse. Auprès de Philippe II, la position du secrétaire demeure inébranlable. Le souverain assure don Juan qu'il n'a jamais rien trouvé de répréhensible dans la conduite de cet agent. Il le consulte directement pour des affaires importantes. En 1576 meurt, en fonctions, le garde des sceaux des Pays-Bas, Hopperus, le chef immédiat d'Ennetières. Pendant quatre ans la charge demeura vacante, et Ennetières se trouva le seul agent belge dont le Roi disposât à sa cour. A la fin de l'année 1580, la carrière du secrétaire semble toucher à son terme. Le 29 décembre il écrit au Roi un billet qui revêt toutes les allures d'une lettre de congé. On lui a d'ailleurs donné un successeur, Alonso de Laloo. Ennetières devait finir ses jours dans la Péninsule. Le service du Roi ne l'avait pas enrichi. En 1582, il se plaint de ce que le paiement de ses gages est fort arriéré et qu'il a subi de lourdes pertes. On peut se demander s'il en fut jamais dédommagé. Pour lui comme pour tant d'autres, le souverain se montra généreux... en matière de distinctions honorifiques. Le 1er avril 1588, il accorda au secrétaire et à toute sa famille des lettres de chevalerie, et, en considération des bons services d'Arnould, on lui fit remise de la taxe due pour l'expédition de sa patente. Arnould d'Ennetières mourut en Espagne le 11 avril 1592, ainsi qu'il résulte du registre des traitements tenu à la Chambre des comptes.
J. Lefèvre.
Fonds des Papiers d'État et de l'Audience. — L. Gachard, Correspondance de Philippe II, 5 volumes, Bruxelles, 1848-1879. — J. Lefèvre, « Les d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II, Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)

ENNETIÈRES (Jacques D'), trésorier général des finances, né sans doute dans les dernières années du XVIe siècle, mort le 9 octobre 1677. Jacques d'Ennetières est fils de Jean, conseiller à la Chambre des comptes de Flandre, puis au Conseil des finances, et de Françoise van den Berghe. Sa carrière s'est déroulée de la façon la plus normale. Il a fait ses premières armes à la Chambre des comptes de Flandre où, « jeune homme à marier », il est admis à la date du 13 décembre 1617. Après moins de deux ans, le 26 octobre 1619, il est promu au rang de conseiller-maître extraordinaire et il devient ordinaire par patentes du 1er août 1620. Il se trouve placé sous les ordres du président Jacques Bruneau. Cet agent n'exerce ses fonctions que de façon intermittente, consacrant l'essentiel de son activité à des missions diplomatiques auprès de la Cour de Vienne. Le 21 mars 1633, sur la proposition de l'Infante Isabelle, Jacques d'Ennetières, qu'on appelle souvent le seigneur de Harlebois, lui est adjoint comme suppléant. Bruneau meurt à Vienne le 18 août de l'année suivante et des lettres patentes datées du 18 janvier 1635 confèrent la présidence au seigneur de Harlebois. Celui-ci entre alors dans la seconde période de sa carrière administrative. Elle durera une quinzaine d'années. La protection de l'archiduc Léopold-Guillaume, gouverneur général, va permettre à Ennetières d'atteindre un des sommets les plus élevés de la carrière administrative. Le poste de trésorier général des finances était détenu par François de Kinschot ; quand celui-ci l'abandonna pour .devenir chancelier de Brabant, sa succession fut dévolue à Ennetières. Il est à peine installé depuis deux ans, qu'on lui réserve une promotion nouvelle, en le désignant comme conseiller d'État. C'est encore une faveur de Léopold-Guillaume qui a insisté pour appeler au premier département de l'administration, le trésorier général, homme de bien dont la compétence y serait très utile. Le prestige d'Ennetières demeure considérable pendant tout le règne de Philippe IV, ce dont la correspondance royale témoigne à suffisance. Il a hérité de son oncle Arnould et de son père le goût des décorations d'ordre héraldique. Déjà à la date du 29 décembre 1625, quand il n'était encore que conseiller à la Chambre des comptes, il avait obtenu des lettres de chevalerie. Le geste le plus significatif de la munificence royale est une lettre patente du 23 mai 1664 par laquelle Philippe IV érigea en baronnie la terre de La Berlière, une de ses propriétés. Depuis lors on l'appelle communément le baron de La Berlière. Les dernières années de sa carrière sont marquées par un incident grave : on l'accuse de concussion. Le fait cause du scandale à Madrid, où le Conseil suprême de Flandre et le Conseil d'État sont saisis de l'accusation. La controverse commence en 1675 et dure des années. Jacques d'Ennetières mourut à Bruxelles, âgé de quatre-vingt-un ans. Sa dépouille fut enterrée dans l'église Sainte-Gudule. Un monument y fut élevé par la diligence de son fils et couvert d'une pompeuse inscription funèbre, vantant notamment sa correction dans la gestion du Trésor public, son esprit de justice en matière de comptabilité. Un buste du défunt est placé au haut du monument. Jacques d'Ennetières avait épousé Marie Bodequin, morte avant lui et enterrée à Tournai.
J. Lefèvre.
H. Lonchay, J. Cuvelier et J. Lefèvre, Correspondance de la Cour d'Espagne, t. IV, V et VI, Bruxelles, 1933-1937. — J. Lefèvre « Les d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II, Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)

ENNETIÈRES (Philippe - François D'), trésorier général des finances. Philippe-François est le troisième et dernier « grand » Ennetières. Le népotisme sévit dans les sphères administratives des Pays-Bas, pendant toute la durée des temps modernes. C'est, chose courante de voir une charge importante dévolue pendant plusieurs générations à des membres d'une même famille. La fortune des Ennetières doit beaucoup, elle aussi, à ce népotisme. Il commence par faire carrière à la Chambre des comptes de Flandre, où avait siégé avant lui son père, Jacques. Alors qu'il n'est encore que conseiller, il se voit désigné par lettres patentes données à Madrid le 27 mai 1663, pour remplir conjointement avec son père les fonctions de trésorier général, avec droit de succession au moment voulu. Le roi Philippe IV justifie sa détermination par le grand âge du père et la nécessité d'alléger sa charge. Pareille promotion fit scandale ; elle ruinait les espérances légitimes d'autres agents, et ne fut pas étrangère à la cabale menée contre les Ennetières en 1675-1677. La controverse battait son plein au moment de la mort de Jacques et Philippe-François dut connaître des jours d'angoisse. Une lettre de Charles II, datée du 6 février 1676, avait signifié qu'il réservait sa décision, mais que dans le cas où la vaca-ture se produisait, on ne pouvait mettre Louis-François en possession définitive de son siège présidentiel, sans ordre de la cour. Et puis la tempête se calma, soit que les Ennetières aient pu se justifier, soit que des influences puissantes aient agi en leur faveur. En tout cas, le fils entra en fonctions et le rapport du receveur général des Finances montre que la situation est normale. Comme d'habitude, un chapitre spécial est consacré aux juges du Conseil. Philippe-François figure en première place. Il assure la direction effective du département qui comprend alors quatorze conseillers. Jamais l'inflation administrative n'avait atteint de pareilles proportions et ce, au moment où le territoire des Pays-Bas se trouvait réduit par les guerres de l'impérialisme français. La gestion du second Ennetières est sensiblement moins longue que celle de son père. Tout comme ce dernier, il est appelé à siéger au Conseil d'État. Il est aussi comme son père amateur de distinctions nobiliaires. Par lettres patentes du 16 septembre 1680, Charles II lui concède le titre de marquis des Mottes. La carrière de Philippe-François se clôture de façon inattendue. Il avait épousé Marie Obert qui mourut le 9 février 1688. Alors le trésorier général se démet de ses fonctions, se fait carme déchaussé et meurt une dizaine d'années plus tard, le 10 avril 1697. Le mausolée érigé dans la collégiale de Sainte-Gudule pour le premier Ennetières recouvre aussi la dépouille du second. On y voit son buste, qui ne flatte en aucune manière son modèle. Une inscription rappelle les charges exercées par le défunt, son entrée en religion et le caractère inopiné de son décès.
J. Lefèvre.
H. Lonchay, J. Cuvelier et J. Lefèvre, Correspondance de la Cour d'Espagne, t. IV, V et VI, Bruxelles, 1933-1937. — J. Lefèvre « Les d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II, Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)


SAINTE-ALDEGONDE (de)

NOIRCARMES {Philippe de Sainte-Aldegonde, seigneur DE), homme de guerre et d'Etat, chevalier, capitaine général et grand bailli du Hainaut, membre du conseil d'Etat, commandeur de l'ordre d'Alcantara. Il était fils de Jean et de Marie de Rubempré. La première période de sa vie est peu connue, mais la position de sa famille l'appelait à jouer un rôle. Il parait avoir joui de la confiance de Charles-Quint. Il figure parmi les dix-neuf chambellans qui accompagnèrent l'empereur à la diète d'Augsbourg de 1547. A l'époque des troubles, il a d'abord une attitude peu dessinée; il semble avoir été plutôt favorable aux confédérés. Il désire, avec d'autres seigneurs belges, la réunion des états généraux ; il est d'avis que Philippe II devrait venir présider le conseil d'Etat. Il assiste aux conciliabules chez le prince d'Orange avecBerghes et Montigny (9 décembre 1565). Granvelle le soupçonne d'avoir favorisé l'Union de Bruxelles et d'être partisan de d'Egmont (10 mars 1566). Il prend part aux négociations avec François Baudouin « pour découper la foi romaine d'après les nouvelles formes ». Il est un des plus âpres adversaires de Granvelle. Puis, brusquement, il fait volte-face. Bailli et capitaine de Saint-Omer, il devient, extérieurement du moins, le fidèle de Philippe II, l'ennemi des fauteurs de troubles. A quels mobiles a-t-il obéi? On ne sait. Mais, dès le mois de juin 1566, Morillon signale au roi le revirement : « L'on est esbahi,» dit-il, « des bons offices qu'il a veu faire en Haynnault à Noircarmes », et le prévôt ajoute, non sans une pointe de malice, que Noircarmes « a tourné sa robe » (23 juin). Quelques jours plus tard, la chose est manifeste. Le 1er juillet, Noircarmes est investi « provisionnellement » des deux charges de grand bailli et de capitaine général gouverneur du Hainaut, et de la capitainerie du château de Cambrai, en l'absence du marquis de Berghes. Le 7 juillet, Granvelle écrit au roi que Berlaymont répondait de Noircarmes. La régente s'était assuré du concours absolu de ce dernier, de Hierges et d'autres. Le 9 juillet, Noircarmes assista à la séance du conseil d'Etat avec Orange, Egmont, Arschot, Mansfeld, Berlaymont, Viglius, Philibert de Bruxelles et d'As-sonleville, séance dans laquelle on débattit sur ce qu'il y avait à faire pour empêcher les perturbateurs de venir à Bruxelles. Noircarmes fut conciliant, et, en cette circonstance, fidèle à lui-même : « A maulx si grands », dit-il, « fault chercher remèdes extrêmes, assemblant les états généraux, ostant la diffidence que les gentilshommes ont du Roy et de Son Altesse et, ce faisant, aydera beaucoup à remédier à tout, etc. ». La duchesse, opinant en dernier lieu, s'arrêta au parti suivant : on négocierait avec les confédérés et l'on préparerait un écrit contenant les représentations à faire à ces derniers. Le 19 août, assemblée des chevaliers de la Toison d'or. Marguerite de Parme leur adjoignit Viglius, Philibert de Bruxelles, Christophe d'Assonleville, enfin Noircarmes qui, de jour en jour, pénétrait plus avant dans l'intimité de la gouvernante. La réponse à faire aux confédérés, arrêtée en principe dans les délibérations précédentes, fut libellée le 22 août. Le même Berlaymont, Arenberg et Noircarmes conseillèrent à la duchesse de quitter Bruxelles et de se retirer à Mons. Elle resta à Bruxelles sur les instances de Hornes, Egmont et Orange. Celui-ci avait dit qu'il convoquerait aussitôt les états généraux. Marguerite ne tarda pas à regretter sa réponse aux confédérés — cessation de l'Inquisition, promulgation d'un nouveau placard, lettres d'assurances aux confédérés qui se comporteront « en bons et loyaulx vassaux et subjectz », — et elle chercha à se dégager de ses promesses et à réserver l'avenir, à établir aux yeux du roi qu'elle n'avait pas agi librement, mais comme contrainte et forcée. Elle le fit dans une dépêche à Philippe II, du 30 août. Elle en appelle au témoignage de Noircarmes, de Mans-feld, de d'Arenberg, de Berlaymont et de Viglius. Noircarmes, de son côté, se séparait peu à peu du prince d'Orange, d'Egmont et de Hornes. Ce dernier écrivait, le 10 octobre, à Montigny, son frère : « Celui qui a pour le moment grand « crédit à la cour est Monsieur de Noircarmes, vostre grand ami, vous asseu-rant que Monsieur d'Egmont, prince d'Oranges et moy sommes fort mal satisfaits de luy, veu les propos qu'entendons il tient de nous, blasmant en partie nos actions ». Il convient d'ajouter que, touchant la convocation des états généraux et la nécessité de la venue de Philippe II à Bruxelles, Noircarmes avait émis un avis de tout point semblable à celui de d'Orange, Hornes et Egmont. La cause des dissentiments doit donc être cherchée ailleurs. Le rôle militaire de Noircarmes fut plus important que son rôle politique. La ville de Valenciennes se distinguait par une attitude de révolte et ses habitants étaient surexcités par les prédications de Pérégrin de La Grange, de Narbonne, ministre calviniste, que son fanatisme avait déjà fait remarquer en France. Inquiète de la conduite des séditieux, Marguerite enjoignit à Noircarmes de rétablir l'ordre dans la ville et de prêter main forte aux magistrats; mais les chefs calvinistes, La Grange en tête, travaillèrent si bien les esprits, que les Valenciennois refusèrent de recevoir une garnison. Après diverses sommations, Noircarmes mit le blocus devant la ville et la déclara rebelle, le 17 septembre 1566. Désireux d'éviter l'effusion du sang, il traînait le siège en longueur; toutefois, apprenant que les calvinistes d'Armentières envoyaient des .troupes à ceux de Valenciennes, il marcha contre elles et les défit à Watrelos. Peu après, sur la nouvelle que quatre mille calvinistes, sous les ordres de Jean Leveau, cherchaient à surprendre Lille, il se porta à leur rencontre et les battit près de Lannoy, leur enlevant neuf drapeaux, vingt pièces de campagne et deux tonneaux de poudre. De retour au camp de Valenciennes, il reçut de la gouvernante l'ordre de presser le siège en resserrant le blocus, afin d'affamer la ville, en attendant l'arrivée de régiments allemands qui devaient le rejoindre. Il avait, à plusieurs reprises, écrit à la gouvernante que, sans verser le sang, il lui était impossible de remplir sa mission. Cependant, la duchesse, conformément aux instructions du roi, désirait éviter à Valenciennes les horreurs d'un assaut et d'un bombardement. A cet effet, elle envoya au camp le comte d'Egmont et le duc d'Arschot en vue d'essayer de ramener les sectaires à de meilleurs sentiments. Mais ceux-ci, instigués surtout par La Grange, Gilles Leclercq et d'autres, loin de se rendre aux conseils des deux délégués, firent montre d'une telle arrogance que Noir-carmes ordonna le bombardement de la ville pour le 20 mars. Après une canonnade de trente-six heures durant laquelle trois mille boulets furent lancés dans la ville, Noircarmes y fit son entrée, le 24 mars, s'emparant de quatre-vingts canons et de toutes les munitions de guerre, désarmant les bourgeois, faisant pendre plusieurs notables, instituant des commissaires royaux pour administrer la ville. Tournai tomba aussi peu après en son pouvoir. Il y fit exécuter les deux ministres calvinistes, Gui de Brès et Pérégrin de La Grange (31 mai). Maître de Valenciennes, Noircarmes était allé s'emparer de Bois-le-Duc et de Maestricht, et la régente lui donna l'ordre de se porter sur la Hollande pour renforcer Meghen. Ayant opéré sa jonction avec Boussu, il embarque six cents hommes de pied, dix-huit cents pionniers et ses canons sur cinquante vaisseaux et arrive par l'Yssel à Gouda (5 mai 1567). Il établit une discipline sévère. Afin qu'il ne soit causé aucun préjudice à l'habitant, il défend à ses soldats de descendre à terre et se dirige sur Amsterdam, suivi de près par cinq cents cavaliers et cinq cents canonniers arrivés par Schoonhove. Le 7 mai, campé devant Amsterdam, il demande, au nom du roi, qu'on lui livre la ville. Les calvinistes prennent peur ; ils s'enferment chez eux. A neuf heures du soir, les portes sont ouvertes par les catholiques. Noircarmes les franchit avec six compagnies de gens à pied. Le 15 mai, il rendit l'église des Minorités à leurs possesseurs, les protestants en ayant été expulsés, et ordonna que les bourgeois livrassent leurs armes. Il disposa ensuite que Haarlem recevrait comme garnison une compagnie, Leyde et Delft deux. Toute la Hollande fut peu à peu en son pouvoir. Il songeait à soumettre la Gueldre et l'Overyssel, lorsque des députés de Groningue et de Harderwyk vinrent lui dire que leurs villes étaient disposées à se rendre et à recevoir garnison. Les affaires ayant pris cette tournure, Noircarmes partit le 11 juin, avec onze bateaux, d'Amsterdam pour le Brabant, par Gouda, gardant les soldats à bord, afin de prévenir tout désordre. Meghen retourna à Utrecht, Noircarmes fut en faveur auprès du duc d'Albe. Il était allé le saluer à Thionville à son arrivée d'Espagne. Le duc le nomma aussitôt membre du conseil des troubles, mais Noircarmes n'y parut qu'une fois, le jour de son installation. Il conseilla à Egmont de ne pas suivre l'avis du grand prieur, fils naturel du duc d'Albe, qui l'engageait à fuir : « On dira, » ajouta-t-il, « que vous vous sentiez coupable. Votre fuite ne passerat-elle pas pour un aveu de haute trahison ? ». Le duc le consultait sur l'introduction du 10e denier que Noircarmes désirait voir appliquer de façon que les manufactures en fussent exemptées. En 1572, il prenait part au siège de Haarlem. L'année suivante, Boussu ayant été fait prisonnier dans le combat naval sur le Zuyderzee, Noircarmes reçut le commandement de la Hollande. Il remplit aussi, à la place de Boussu, les fonctions de gouverneur d'Utrecht. Il essaya de se rendre maître de Gouda, mais échoua. Requesens l'avait chargé de négocier la paix avec les états généraux de Zélande. La mort prévint l'exécution de ce projet. Noircarmes succomba, le 5 mars 1574, à Utrecht, aux suites d'une blessure reçue au siège d'Alkmaar. Il avait épousé Bonne de Lannoy, dame de Maingoval, Bugnicourt,etc. (Selon Van-der Aa, sa femme aurait été Aline de Liévin, dite de Famars). Comme général, Noircarmes était hardi et résolu ; il avait le coup d'œil pénétrant, la volonté inflexible. Homme politique, le revirement qui marqua les débuts de sa carrière officielle force à discuter sa mémoire. Les historiens hollandais l'ont dépeint sous de sombres couleurs. Ils ont dit qu'il était « un courtisan peu sincère » et, en plus, « un cruel animal ». En 1570, il avait été confirmé dans ses fonctions de grand-bailli et de capitaine général gouverneur du Hainaut ; il les conserva jusqu'à sa mort. Dès le mois d'octobre 1566, il avait établi sa résidence presque permanente au château de Cambrai. Les éditions de 1570, 1572 et 1591 de la Praxis rerum crimi-nalium, de Josse de Damhoudere, lui sont dédiées.
Baron Emile de Borehgrave.
Les historiens belges et néerlandais. — Van cler Aa. — Coiresp. de Philippe H, t. I, p. 408, 461; III, p. 33. — Corresp. de Granvelle, t. I et II, passim. — Edmond Poullet, Les gouverneurs de province dans les anciens Pays-Bas catholiques. — Ch. Paillard, Huit mois de la vie d'un peuple. Les Pays-Bas du premier janvier au premier septembre -1560 {Mémoires de l'Académie royale de Bruxelles, m-So, 1, XXVIII, 1878). — Diissel-dorpii Annales, 1894, p. 82, 83, 84. — Revue d'histoire et d'archéologie, t. I (Bruxelles, -1859), p. 484,
(source: dico bio belg).

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